Made with racontr.com
alt

« Love a suscité moins de débat au sein de la commission que dans les journaux »

Membre du CNC depuis 3 ans, Mélanie Fourgous-Benoist vient d’entamer son nouveau et dernier mandat à la commission de classification des films. Un rôle qui vient compléter le travail qu’elle effectue déjà au CSA où elle s’occupe notamment de la protection des mineurs.

Pourquoi est-il important d’encadrer le cinéma ?


Ce n’est pas que le cinéma qu’il est important d’encadrer mais l’ensemble des documents visuels qui sont vus par des mineurs. Il est clair qu’entre Nymphomaniac et Kung-fu Panda 3 il y a un monde et des contenus qui sont de nature à troubler un peu, beaucoup, voir gravement la sensibilité des mineurs. D’autant plus que les images sont perçues différemment selon qu’un enfant ait 8 ans, 12 ans ou 18 ans.



Antichrist, Nymphomaniac... De nombreux films ne sont pas classés X, mais contiennent pourtant des scènes de sexe non simulées. Où se situe donc la limite pour qu’un film obtienne cette classification ?


La limite, elle est réglementaire et correspond à l’article R. 211-12 du Code du cinéma et de l'image animée qui stipule très clairement qu’un film qui comporte des scènes de grande violence ou à caractère pornographique n’est pas forcément classé X. Tout dépend de la manière dont les scènes sont filmées et la nature du thème traité. Il y a donc un critère de définition qui explique qu’un film destiné au moins de 18 ans, peut contenir des scènes pornographiques mais qui ne sont pas en elles mêmes pornographiques.


La classification mise en place par le CNC est-elle assez claire selon vous ?

 

Oui elle est assez claire. Le CNC ne fait qu’appliquer ce que la loi prévoit. Ce n’est pas lui qui règlemente la classification. Certes, tous les systèmes sont perfectibles et d’une manière générale on voit bien qu’il y a quelques contentieux mais ce n’est pas pour autant que le système fonctionne mal. Il fonctionne au contraire globalement assez bien. Après, il y a toujours des discussions récurrentes : est-ce qu’il faut supprimer l’interdiction aux moins de 18 ans ou créer celle pour les moins de 14 ans, par exemple.

 

Le sexe au cinéma est-il finalement un point positif qui fait vendre des billets ou un mal trop répandu ?

 

Je crois que le sexe au cinéma, ce n’est pas nouveau. On a tendance à surévaluer l’importance de celui-ci, notamment à cause de la médiatisation de certains films. Après, est-ce que c’est un mal ou un bien, je ne sais pas. Ce n’est surement ni l’un ni l’autre car un film est un objet artistique qui peut comporter ou non des scènes de sexe.

 

Love est un exemple parmi d’autres de films qui ont alimenté les débats médiatiques, comment a-t-il été accueilli par la commission ?


Il me semble que Love a suscité moins de débats au sein de la commission que dans les journaux. Il y en a eu évidemment mais je me souviens de débats bien plus importants sur des films sans enjeux en matière de protection du jeune public.


N’avez-vous pas l’impression d’avoir fait une erreur lorsque la limite d’âge change quand le film est diffusé à la télévision ?


Non, car toute décision peut engendrer un recours, c’est le signe que la justice fonctionne. Enfin, il ne s’agit pas d'une erreur de la commission en tant que tel car elle n’a qu’une appréciation souveraine. C’est la ministre de la Culture qui prend les décisions.


Est-ce qu’au CSA vous raisonnez différemment ?


La réglementation du cinéma et de la télévision sont différentes, notamment car la télévision est forcément plus grand public que le cinéma. Les deux réglementations sont donc totalement indépendantes mais ont le même objectif : protéger les mineurs.


Propos recueillis par Mathilde Poulain

alt

les décisions de classification du CNC

alt

salle et négociations obscures

« C'est le ministère de la Culture qui prend la décision »

alt