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© affiche du film et dieu créa la femme de roger vadim

Un film, une femme, deux hommes. En décembre 1957 pour le tournage de Et Dieu…créa la femme, Roger Vadim embauche Jean-Louis Trintignant pour incarner l’amant de Brigitte Bardot, sa femme dans la vraie vie. À la sortie du film, il demande le divorce. Par quelle malheur ? Celui de l’amour au cinéma.

Et Dieu créa la flamme

« Je ne comprenais rien à la comédie si ce n’est que j’étais amoureux. » En 2012 pour l’Express, Jean-Louis Trintignant revenait lors d’une interview sur l’un des tournages les plus passionnés de sa carrière, celui qui le propulsa, en compagnie d’une autre jeune comédienne, au rang d'acteur phare de sa génération. Et Dieu…créa la femme, réalisé en 1956 par Roger Vadim, était en effet au départ celui qui devait consacrer le talent de sa partenaire à l’écran : Brigitte Bardot, repérée sept ans plus tôt lors de sa première audition par le metteur en scène. Mais sans le savoir, en donnant la réplique à cette jeune blonde aux lèvres nourries et aux formes avantageuses, Trintignant allait trouver bien plus qu’une relation professionnelle. Au cours du tournage, les deux oiseaux tombent amoureux. Problème : Bardot est mariée depuis quatre ans avec Vadim, le réalisateur. 

« Brigitte était de la race des rois. Elle marchait avec la grâce souple et raide des danseuses, bougeait la tête à la façon des chats et le regard suivait le mouvement. » disait d’elle Roger Vadim, tombé sous son charme de lycéenne lors de castings alors qu’il était assistant de Marc Allégret. Elle n’a que quinze ans lorsqu’elle le rencontre et ne se fait pas encore appeler « BB », mais le caractère est déjà là : elle embrasse Vadim, et le voilà marié à une muse d’une beauté sans égale. Il pousse d’ailleurs le joyau à se polir en 1955 dans La Lumière d’en face de Georges Lacombe, où sa puissance érotique rend les hommes impuissants par excès de désir. Alors quand arrive le moment de réaliser son propre film, le metteur en scène s’inspire directement des pas de danses de sa femme lors d’une soirée cannoise : « C’était l’époque du cha-cha-cha, se souvient Bardot. L’orchestre était formidable, je dansais seule ou avec n’importe qui, pieds nus, libre, déchainée, irritante pour les femmes, excitante pour les hommes ! Mes hanches roulaient, tanguaient, j’avais trop chaud, et renversais mon verre sur ma poitrine, mes épaules, mes cuisses ! C’était froid ! C’était bon ! C’était fou ! J’étais devenue folle ! Ce soir-là, Vadim décida de rajouter dans son film une scène où je danserais follement, sans pudeur. » L’histoire de la création d’une scène de mambo qui fera le tour du monde.

Trintignant, qui pensait s’être vu affublé « d’une petite conne », tombe finalement sous le charme d’une Brigitte mariée avec qui il passe le plus clair de son temps une fois les caméras éteintes. Et si elle interprète à l’écran Juliette Hardy, une jeune femme sans tabous promise au mariage du jeune frère Tardieu - joué par JLT -, qui fait fantasmer les hommes du village de pêcheurs de Saint-Tropez, la fiction rejoint bien vite la réalité… « À force d’être naturelle dans mes scènes d’amour avec Jean-Louis Trintignant, je finis tout naturellement par l’aimer ! J’éprouvais pour lui une passion dévorante. Je plongeais à corps perdu dans ses yeux, sa vie, et avec lui dans l’eau bleue de la Méditerranée, qui fut le seul témoin de nos rencontres. Jean-Louis me voulait seule, nue, naturelle, simple, sauvage. Il m’apprenait les étoiles, la nuit, couché sur le sable chaud de la plage où nous dormions. Il m’apprenait la musique classique qui avait remplacé sur le pick-up de ma loge les musiques afro-cubaines. Il m’apprenait l’amour total, intense ! Toutes mes valises étaient dans le coffre de Jean-Louis, nous dormions n’importe où, cela n’avait pas d’importance du moment que nous étions ensemble. Le matin, nous arrivions heureux sur le tournage. Nous avions les yeux cernés et graves. Nous ne nous quittions pas. » Et Vadim dans tout ça ?

Vadim, lui, s’est presque fait à l’idée. « La fidélité m’agace », aimait-il à dire de toute façon. Voilà un moment qu’il sent son couple battre de l’aile. Tout est alors permis dans le tournage, même si « c’était pénible pour Vadim d’avoir à nous diriger Trintignant et moi dans le scènes d’amour du film, avoue Brigitte, et il nous était encore plus pénible de mimer devant lui et toute l’équipe ce que nous faisions si bien lorsque nous étions seuls, loin, très loin des autres ! » Après la sortie sur grand écran et un carton au box-office américain, le couple divorce finalement en décembre 1957. Lui réalisera encore vingt-deux films, dont cinq avec elle, preuve qu’il ne lui en tient pas rigueur. Sur le tournage des Bijoutiers du clair de lune, en Espagne, il l’autorise même à prendre l’avion tous les weekends pour rejoindre son Jean-Louis et soigner ses maux d’amour. « Pauvre Vadim, merveilleux Vadim, mon complice, mon frère », l’appelait BB. L’histoire avec Trintignant tiendra six mois de plus, le temps qu’elle le trompe avec Gilbert Bécaud pendant qu’il effectuait son service militaire en Algérie. L’amitié avec Vadim elle, durera jusqu’à sa mort, en 2000. Pour la cérémonie d’enterrement, Bardot était entourée de cinq autres de ses ex-compagnes : Annette Stroyberg, Catherine Deneuve, Jane Fonda, Catherine Schneider et Marie-Christine Barrault, son épouse. Mais pour reposer en paix, Vadim avait choisi le cimetière marin du village de Saint-Tropez, face à « La Madrague Saint-Tropez », la propriété de Brigitte Bardot. Là où il avait créé la femme.

De « petite conne » à amante 

Merveilleux Vadim

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« C’était pénible pour Vadim d’avoir à nous diriger Trintignant et moi dans les scènes d’amour »

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« Jean-Louis me voulait seule, nue, naturelle, simple, sauvage. Il m’apprenait les étoiles, la nuit, couché sur le sable chaud de la plage où nous dormions. »

Théo Denmat

roger "colgate" vadim


Mot écrit par Brigitte extrait de son livre :  Initiales B.B : Mémoires 

Brigitte Bardot

Brigitte Bardot

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Toutes citations tirées du dossier Sofilm #16 : « Faut-il tourner avec son ex ? », sauf mentions.